Qu’est-ce que la mentalisation?

La mentalisation est un concept de plus en plus utilisé en psychothérapie. Bien comprendre ce concept et l’appliquer au niveau de vos réflexions personnelles peut vous aider à dénouer bien des impasses.

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La mentalisation est une attention que l’on porte à ce qui se passe en soi-même et chez autrui.

C’est aussi une compréhension que l’on développe des liens qu’il y a entre les pensées (incluant nos pulsions et nos émotions) et les comportements, que ce soit en soi-même ou chez les autres. On parle parfois de processus autoréflexifs.

La mentalisation, bien utilisée, permet une saine gestion des émotions. Elle permet de nuancer les réactions émotives spontanées et intenses que nous avons tous, un jour ou l’autre, au contact des autres.

La mentalisation suppose une capacité à imaginer ce que l’autre peut vivre et une certaine compréhension du fonctionnement psychologique, c’est-à-dire de la façon dont fonctionne notre pensée et celle des autres. C’est donc une activité qui est profondément subjective et qui pourra varier d’une personne à l’autre, selon son histoire de vie et les sentiments ressentis, mais qui s’apprend et se pratique également.

Le concept de mentalisation origine, en Psychologie, des travaux qui ont été faits sur l’attachement et qui ont permis de constater que de jeunes enfants, dont la relation d’attachement était plus désorganisée, manifestaient plus régulièrement des troubles graves du comportement, de l’automutilation et des tendances oppositionnelles; bref, des troubles trahissant une difficulté à contenir l’émotion et, conséquemment, à la réfléchir plutôt qu’à l’agir impulsivement. En somme, un attachement insécure induit des difficultés à mentaliser, c’est-à-dire des difficultés à imaginer ce qui est vécu par l’autre, à le comprendre, et à être en relation.

On suppose en effet que la capacité à comprendre les états mentaux des autres et ses propres états mentaux est critique pour le développement relationnel des êtres humains.

À quoi sert la mentalisation?

Bien mentaliser permet de mieux réguler et contenir nos émotions, ce qui nous permet de prendre du recul et d’adopter une position plus juste et nuancée face aux événements, donc une position qui peut être éventuellement plus constructive que destructive (comme lorsque certaines personnes adoptent des comportements autodestructeurs qu’ils regrettent par la suite).

Bien mentaliser nous permet également de mieux nous connaître, de nous comprendre et de comprendre les autres, ce qui nous rend plus indulgent et moins craintif face aux autres. Puisque la mentalisation permet de mieux se comprendre et de mieux se connaître, elle a donc aussi un impact sur l’estime de soi et l’anxiété. Lorsque nous nous connaissons et nous acceptons mieux, nous sommes moins craintifs par rapport aux événements extérieurs et nous sommes plus en mesure de connaître nos limites, nos ressources et les moments ou les situations où nous devrions demander de l’aide.

Related imageBien mentaliser pour un parent permet aussi de favoriser un attachement sécure chez son enfant ce qui, en retour, permet à l’enfant de développer une meilleure capacité de mentalisation (Slade et al., 2005).

 

Les obstacles à la mentalisation

Les émotions fortes et intenses constituent un des facteurs importants qui nuisent à la mentalisation. On n’a qu’à penser aux disputes de couple ou à certains conflits avec nos parents ou nos enfants pour constater comment, dans des situations d’émotions intenses, il peut être difficile de contenir nos émotions et comment nous sommes poussés à passer à l’action et à poser des actes impulsifs qu’il nous arrive de regretter.

Les émotions fortes et intenses sont évidemment inévitables au cours d’une vie et témoignent de notre capacité à être en relation et à nous attacher aux autres. Cependant, il est possible de développer graduellement notre capacité à contenir les émotions les plus intenses (jamais parfaitement) et à nous négocier un espace de pensée et de réflexion de plus en plus important. La connaissance de soi, notre capacité d’empathie et notre capacité de comprendre le monde intérieur de l’autre sont alors des atouts précieux.

Les traumatismes psychologiques, particulièrement ceux de l’enfance, c’est-à-dire ceux qui surviennent à une étape où l’appareil psychique est insuffisamment développé pour bien gérer la situation, peuvent faire obstacle au développement des capacités de mentalisation. En effet, par définition, ces expériences supposent une incapacité momentanée à gérer l’impact émotionnel de ces expériences et le recours à des mécanismes d’adaptation drastiques et coûteux sur le plan psychologique. Par exemple, chez les victimes d’agression, il arrive qu’on assiste au recours à un mécanisme d’identification à l’agresseur (syndrome de Stockholm) qui peut soulager temporairement en apportant une illusion de contrôle et de puissance mais implique aussi un sentiment de haine envers soi-même.

Des difficultés de mentalisation semblent donc être associées à une forme de pensée plus concrète, portée à l’agir impulsif, et qui tend à déformer nos émotions et les actions que nous pourrions poser en fonction de ces émotions.

Références

Fonagy, P., Steele, H., and Steele, M. (1991). Maternal representations of attachment during pregnancy predict the organization of infant-mother attachment at one year of age. Child Development, 62, 891-905.
Slade, A., Grienenberger, J., Bernbach, E., Levy, D., and Locker, A. (2005). Maternal reflective functioning, attachment, and the transmission gap: A preliminary study. Attachment & Human Development, 7 (3), 283-298.